Les techniciens agricoles 2ème année sont allés visiter la ferme SCEA Les Jolies Rousses, le jeudi 4 novembre.
L’historique de la ferme
L’histoire des Jolies Rousses commence en 2019. Lucie a rejoint son mari, Alexis, déjà installé sur une autre société l’EARL L’Aubépine. Cette EARL est spécialisée en céréales (la production vaches laitières ayant été stoppée en 2009). Cette exploitation compte aujourd’hui 100 hectares de culture. Cette surface est à 50% en Marais. L’autre moitié en plaine est en conversion en agriculture biologique.
Lucie a débuté avec 15 000 poules pondeuses. Aujourd’hui, elle est en pleine conversion vers l’AB. Cette conversion lui permettra de passer de 15 000 poules pondeuses conventionnelles à 9 700 poules pondeuses « bio ».
La production d’œufs
Lucie a décidé de s’orienter vers la production d’œufs car c’est celle qui l’intéressait le plus. Les poules arrivent à 17 semaines dans son bâtiment et repartent à 18 mois. Elles restent 13 mois sur site.
Les poules ont 4 rations différentes durant leur séjour sur le site. Le premier aliment pré-ponte est utilisé uniquement si les poulettes n’ont pas atteint un certain poids. Jusqu’à ce jour, Lucie n’a pas eu à utiliser cet aliment. L’aliment début de ponte est très riche en protéine et acide gras. En effet, les poules ont de forts besoins énergétiques pour débuter la fabrication des œufs. Viennent ensuite les aliments de milieu de ponte et de fin de ponte. Donc, la formulation évolue suivant le cycle de ponte. La composition en tourteaux de soja, colza et tournesol sera adaptée suivant les besoins des poules. Depuis 2 ans, ce se sont des poules de race Hyline. Des poules dites « faciles » pour débuter la production. Les poules sont issues d’élevages bretons.
Elles pondent environ toutes les 26 heures selon les souches, ce qui fait environ 325 œufs par poule/an. Le taux de mortalité chez les Jolies Rousses est satisfaisant environ 4-5%. Ce résultat est très notamment suite aux confinements vécus (grippe aviaire). L’envoie des œufs se fait 3 fois par semaine. Les œufs déclassés partent en ovoproduits pour être transformés.
Biosécurité, vide sanitaire
Lucie nous a expliqué les différentes actions qu’elle met en place pour assurer la biosécurité de son site. Aujourd’hui, deux maladies retiennent toute sa vigilance : la salmonelle (prélèvement toutes les 7 semaines) et la grippe aviaire.
Cette année, le vide sanitaire sera de 9 semaines. En effet, elle prend ce temps pour transformer son bâtiment (réorganisation de la chaine d’alimentation et de la répartition des assiettes, réaménagement des perchoirs). D’une production d’œufs plein air, Lucie a l’opportunité de se convertir en agriculture biologique. Bien sur cette durée de vide sanitaire est un « gouffre financier » mais nécessaire pour réaliser les transformations . Il faut que tout soit prêt pour l’arrivée des nouvelles poulettes début décembre. Elle estime au minimum un temps de 900 à 1000 heures nécessaires pour cette pointe de travail. Elle a fait le choix de sous-traiter le nettoyage et la désinfection de son bâtiment à une entreprise spécialisée.
Transition vers l’AB
Lucie voit la production d’œufs en agriculture biologique comme un gain de confort, tant pour elle que pour ses animaux. En effet, ce ne seront plus 15 000 poules qui seront présentes sur le site mais 9 700 pondeuses pour un revenu qui devrait être équivalent. Elle va également changer de race et recevoir des Novobrown. Quant à sa rémunération, elle ne sera plus sur le poids des œufs mais sur le nombre d’œufs. Ce nouveau calcul devrait l’avantager car depuis 2 ans son point fort est la production du nombre d’œufs au détriment de leur poids.
Son investissement sur les réseaux sociaux et ses projets
Lucie a fait le choix de s’investir sur les réseaux sociaux. Nous vivons à travers son blog, sa chaine You tube, sa présence sur tweeter, sur Facebook… son quotidien, ses interrogations, ses envies, ses choix. Elle partage avec pédagogie son système de production. Elle nous éclaire régulièrement sur sa production d’œufs. Cette volonté de partage est née de son expérience à la MFR de Puy Sec où son collègue Gérard Vergnaud l’a convaincue de cette nécessité de communication, de visibilité…De plus, elle a constaté lors de son installation que peu d’aviculteurs étaient présents sur les réseaux. Une place était à prendre pour expliquer cette production et sa mise en valeur.
Côté projet depuis 2 ans, Lucie vit une aventure riche et passionnante. Son passage en AB est un challenge qu’elle partage avec son conjoint Alexis qui convertit également 50 ha de son exploitation céréalière. Ils pensent donc pour le moment vivre pleinement cette reconversion et stopper les projets même s’ils sont nombreux à germer dans leurs esprits. Une petite pause s’impose pour profiter pleinement de leur famille qui vient de s’agrandir.
Merci Lucie d’avoir pris le temps de nous recevoir dans ce temps de travail très intense sur ton exploitation. Nous te souhaitons une pleine réussite dans ce nouvel système de production que tu mets en place. Nous avons beaucoup apprécié cette rencontre sans non-dit et sans langue de bois : une rencontre vraie et authentique à l’image de la propriétaire des lieux. Merci !
Article rédigé par les Techniciens Agricoles 2ème année