Le jeudi 23 septembre, les techniciens agricoles première année sont allés à la rencontre M. François Hervouet gérant de l’EARL L’Ecrin située à La Roche sur Yon. Le CIVAM GRAPEA y proposait une demi-journée sur la thématique produire du lait en système herbager autonome et économe.

Pourquoi ? Comment ?

L’objectif de cette rencontre est de découvrir l’élevage laitier en système autonome et économe. De plus, nous avons pu aborder les questions de durabilité sociale, économique, environnementale en élevage. La matinée a été rondement menée à travers 4 ateliers. Chaque atelier est animé par un animateur du GRAPEA et un agriculteur adhérent du CIVAM. Chaque groupe d’élèves était accompagné par un guide dans notre cas, l’ancien exploitant de l’Ecrin maintenant à la retraite.

Après un accueil chaleureux, nous nous dirigeons vers notre premier atelier intitulé Prairie et Pâturage.

Prairie et Pâturage

Il existe plusieurs types de pâturages : pâturage « full grass », pâturage tournant simplifié, pâturage tournant dynamique pour les principaux.

L’EARL L’Ecrin met en œuvre le pâturage tournant simplifié. La prairie est un atout au cœur du système. C’est un mélange de graminées et de légumineuses. Ce mélange est à adapter suivant l’expérience, le climat, le sol, le système de production…En proportion, l’herbe pâturée coûte 1, les fourrages stockés 5 et les concentrés coûtent 20. En plus des économies, la prairie présente un atout agronomique, un fourrage équilibré et est favorable pour l’environnement et le paysage.

Certaines règles doivent être respectées pour que cela fonctionne. A l’EARL L’Ecrin, les animaux pâturent une journée sur la parcelle et sont ensuite déplacés. La hauteur de sortie est un élément très important pour la pérennité des prairies. Les prairies sont ensuite mises au repos pendant 3 semaines jusqu’à 40 j. Bien sûr, la proximité des parcelles et leurs accessibilités sont deux facteurs indispensables.

Les arbres et l’agriculture

Les haies servent à éviter les coulées de boue et l’érosion donc filtre l’eau. Les haies servent aussi d’habitats aux animaux, aux insectes dans la nature. Elles permettent également le stockage du carbone. Les haies servent aussi de brise vent et d’ombre pour les animaux. Les haies permettent de réguler la température de 1 ou 2°C.

Par exemple quand il y a des clôtures il vaut mieux utiliser le broyeur d’accotement et derrière une personne qui débroussaille pour finir dans les coins. Pour tailler les haies jusqu’à 2 mètres de haut il faut utiliser l’épareuse. Et au-delà de 2 mètres, il faut utiliser le lamier. Pour sécuriser la coupe des branches plus larges ou des troncs, il vaut mieux utiliser un grappin coupeur ou une nacelle avec une personne dedans avec une tronçonneuse.

Le bois est ensuite utilisable de nombreuses façons : piquets, bois de chauffage, paillage…

Pour conclure les haies et les arbres sont les alliés de l’agriculture aux mille services. Ils sont également les garants d’un paysage agréable à regarder, où il fait bon vivre et se promener !

EARL L’Ecrin : le système herbager et la ferme aujourd’hui

La SAU de 115 ha se découpe en 15 ha de maïs, 10 ha de céréales et 90 ha de prairies. Le système herbager répond à une recherche d’autonomie et d’économie. Les deux constats qui nous ont le plus marqué sont la fermeture des silos pendant 4 mois et seulement 20g de concentrés/L de lait (2020-2021). La visualisation du calendrier d’alimentation des vaches est très intéressante, tout est optimisé et réfléchi. La climatologie atypique de cette année et notamment l’été humide et l’absence de pluie au mois de septembre ont décalé la saison de pâturage.

Aujourd’hui l’EARL L’Ecrin compte 2,5 UTH : le gérant, un salarié et un apprenti. La production laitière s’appuie sur 80 vaches Prim’Holstein (+croisées) pour une production de 500 000 L de lait/an. Le taux de renouvellement est de 25%. L’exploitant souhaite vivre pou travailler, il a à cœur d’avoir du temps tant au niveau professionnel (groupe d’échanges) que personnel (week-end, semaines de congés). De plus le système de production choisi et assumé en réalisant une monotraite au mois d’aout lui permet de s’adapter au climat et de répondre à ses objectifs. Sur l’atelier vaches laitières les vêlages sont regroupés sur deux périodes. 20 vêlages en hiver pour les croisements viande qui seront taries décembre/Janvier. 40 vêlages en automne : génisses de renouvellement élevées par des vaches nourrices  qui seront taries mi-juillet/mi-septembre et 20 vaches en lactation longue. Le taux de renouvellement est de 25% par an.

Systèmes herbagers : création de valeur ajoutée, quels résultats économiques?

Les données issues de l’observatoire technico-économique des exploitations du réseau CIVAM Pays de la Loire montre la proportion da la valeur ajoutée est plus importante pour la rémunération du travail par rapport aux outils de production.

Cette exploitation agricole comporte 2,5 UTH pour 115 HA en conversion bio depuis avril 2020 et 80 vaches laitières croisées montbéliarde et rouge des prés avec un système de pâturage tournant. La production de lait est de 220 000L par UTH soit 500 000 de lait par an et 6 000L de lait par vache. Le coût alimentaire est de 86€ pour 1 000L de lait et 4€ de frais de véto pour 1 000 litres de lait produit. L’EARL l’Ecrin arrive à dégager un revenu disponible de 28 000€ par UTH. La moyenne issue du Réseau d’information Comptable du Ministère de l’Agriculture lait des Pays de la Loire fait état d’un chiffre de 15 000 € dispo/UTH. Notre éleveur arrive donc à se dégager un revenu convenable, et à se libérer du temps pour d’autres activités.

Cette visite se termine par un pique-nique pris sur place au soleil. Ce système de production et la présentation de ce dernier à travers les différents ateliers a fait prendre conscience à nos jeunes l’intérêt de ce système. En effet, cette exploitation est vertueuse pour l’humain, le territoire, l’environnement et efficace économiquement. Même si tout n’est pas parfait, ce système de partage d’expérience permet de se remettre en question et de se diriger vers des systèmes plus autonomes.

Article rédigé par Sylvie Ravard en collaboration avec les Techniciens Agricoles 1ère année

 

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